samedi 29 janvier 2022

Récit de "la balançoire"

  


C'était l'époque où je posais, j'étais contactée par des personnes qui avaient vu mes photos sur le net et me proposaient des choses. Une fois, c'était un duo de mecs dont l'un était encordeur et l'autre photographe. Je ne les connaissait que d’après leur page respective sur le net, un aperçu de leur "travail". Le rendu spectaculaire m'avait intriguée et donné envie d'entrer dans cet univers.

On avait échangé quelques mots, fait un plan général de comment la séance se déroulerait :

En extérieur, prés d'un plan d'eau, pas de nus ni de suspensions pour commencer. Ambiance romantique dans le style printemps japonais.

J'avais très envie de trouver un encordeur plus lumineux que celui qui m'avait initiée.

La première expérience trop ténébreuse pour me donner envie d'y retourner m'avait laissée un nefs coincé. Toute les questions médicales et précautions comme être accompagnée, avoir des ciseaux, n'avaient pas suffi à éviter une sensation de mort imminente lorsque par surprise je me suis retrouvée suspendue nez au sol les pieds en l'air.

Emmanuel dégageait quelque chose de rassurant, son allure de dandy peut-être : chaussures élégantes, petites lunettes fines au bout du nez, ses propos mesurés, posés. Il n'hésitait pas à vous sonder du regard. J'ai été tout de suite troublée, attirée.

Son entente avec Olivier le photographe participait à mettre une ambiance amicale.

Nous avions rendez vous à la sortie d'une gare, pour monter dans une voiture et aller dans un petit coin de nature. J'avais ramené de quoi me changer, ne pouvant porter ma petite robe beige transparente dans les transports en commun...encore moins avec des portes jarretelles en dessous.

Arrivés sur place, chacun s'affère à son matériel, Olivier fait ses réglages lumières, Emmanuel sort ses cordes tandis que je me change à peine cachée derrière un arbre. Heureusement les seuls passants se trouvent de l'autre coté du point d'eau.

Tout est en place, enfin presque. Il reste à m'encorder et me placer dans le décor.

On choisi le spot, Emmanuel s'approche en plongeant ses yeux dans les miens, son regard me transperce et je me sens déjà toute chose...fébrile, prête à me livrer.

 

crédit photo Olivier Parent

crédit photo Olivier Parent

Ses mains commencent à œuvrer et je pars aussitôt dans un autre monde, un endroit jamais atteint même en plein en méditation. Tout mes sens sont en éveil, je respire l'air frais des sous bois par la peau de mes cuisses, de mes fesses brûlantes exposées à la brise. Je ne suis plus que respiration lorsque sa peau effleure la mienne, contraste avec la corde rêche qui m'enserre.

Comprimée et à l’abri de la réalité, muette je supplie en plissant les yeux, qu'il passe sa main entre mes jambes. La tension du désir m'électrise. Mais il savoure sa victoire sans en profiter, me laisse haletante lorsqu'il me dépose à l'endroit choisi pour prendre la pose. 

 

crédit photo Olivier Parent
crédit photo Olivier Parent

Les photos sont superbes, les lumières le décors, la tenue, la pose, et mon air ingénue à son paroxysme. J'adore! On est tous enthousiastes et poursuivons vers une allée arborée pour créer un effet de perspective en arrière plan.

L'entente est parfaite, Olivier en voyeur très discret nous laisse carte blanche. Emmanuel me propose une semi-suspension, avec un appui au sol. Il réfléchi à comment réaliser une sorte de baudrier dans lequel je serais assise. Il verrait bien une de mes jambes repliée, tenue par les cordes.

Je lui répond par un sourire, des étincelles plein les yeux.

Il passe ses bras autour de ma taille pour mettre la corde en ceinture, s'abaisse accroupi sans cesser de me dévisager et m'enserre le bassin, s'enroule sur ma cuisse...passe son avant bras entre mes jambes pour tirer le bout de cordes filoché contre ma peau fine, presque moite à cet endroit.

Il se relève et en tirant un peu vient resserrer le tout et les cordes impriment leur tissage dans ma chair. Je suis le flot sanguin qui afflue et me donne très chaud. Il glisse ses doigts entre la corde et ma peau de la cuisse pour vérifier que cela ne sert pas trop...il va faire le tour, il va passer entre mes jambes...il me trouble, m'effleure à peine, juste l'instant suffisant pour vérifier que je suis trempée.

À ce moment, bien sur il s'éloigne...je suis à bloc, prête à poser.

Je me tortille sur la corde, je sens qu'il m'en faudrait peu pour partir.

Le baudrier est tellement confortable que toutes sensations douloureuse se transforme en stimulation sensuelle. J'ai l'impression que les cordes sont un prolongement de ses mains et qu'il me tiens comme une perle dans une coquille, grain de sable s'enroulant dans la nacre...

Je lève ma jambe du sol, dirigée à travers mon voyage cosmique par la voix d'Olivier qui fait des suggestions. Et me voilà suspendue, à faire l'amour à une corde au milieu de la foret, devant deux hommes rencontrés à peine deux heures auparavant.


crédit photo Olivier Parent

crédit photo Olivier Parent

crédit photo Olivier Parent