J'ai commencé
très jeune, avant même de savoir comment les femmes sont faites.
J'explorais et trouvais des zones de sensations agréables à
reproduire. J'ai trouvé assez vite comment me donner du plaisir et
depuis que j'avais trouver ce truc génial, il me devenait presque
inconcevable de devoir m'en passer quand je dormais ailleurs que chez
moi. La première fois, je n'ai pas compris ce qu'il se passait,
j'avais peur de mouiller mon lit. Mon oreiller entre les jambes,
moi à califourchon dessus, les frottements de mon bassin étaient
une stimulation suffisante pour me faire monter jusqu'à l'extase.
C'est resté
longtemps un secret. Personne n'en parlait alors je n'en parlais pas
non plus.
Un jour au
collège, je me souviens bien, un mec d'une autre classe qui était
un peu l'homo assumé du quartier, s'est mis à faire un petit
sondage dans la cour de récréation. Il allait vers chaque personne
accompagné de ses amies, en tenant un micro imaginaire et faisant
une interview avec la même question pour chacun : « Est ce que
tu te masturbes? » en clignant des cils et en faisant des ronds
de bouche comme à son habitude. Le mot en lui même, je le trouvais
moche... J'avais entendu les autres répondre par la fuite, le rire
mais aucun n'aurait pris le risque d'exposer sa vie privé, encore
moins à cette bande de langues de pute... Lorsqu'il me posa la
question, ma réponse était le plus proche d'une franchise qui ne
lui ressemblait pas.
Il voulait entendre cela, j'ai peut-être juste
accordé faveur à sa demande. « Comme tout le monde »
fut ma réponse. Bien sur qu'à cet âge, nous étions tous des
branleurs, personne ou presque n'avait de vie sexuelle si ce n'est
seul.
J'ai cru au début
de ma vie sexuelle que je n'aurait plus besoin de me donner du
plaisir seule, que mon partenaire me suffirait, mais quand bien même
ce fut le cas, j'avais encore besoin de me retrouver seule avec mon
corps pour en disposer librement sans être contrainte par le désir
d'un autre. Ces moments de plaisirs solitaires étaient et restent
encore les instants où j'explore sans aucune retenue, ou je vais
parfois bien plus loin dans les extrêmes que mes partenaires osent
le faire. Même s'ils osaient, il n'est pas dit qu'il sauraient bien
s'y prendre pour y parvenir. Il y a des « manœuvres »
délicates que j'ai appris à apprécier seule avant de les pratiquer
avec quelqu'un.
Pendant des
années, la masturbation était un truc tabou dans mes rapports de
couple. Puis ce fut la mode des anneaux vibrants : qui ne s'est pas
vu offrir par ses amis des capotes ou ce genre de gadgets coquins?
Tant que ça s'utilise à deux et que c'est pas un truc plus gros que
le sien ça va.
Ou alors... si
elle l'utilise en se mettant en scène dans une video, alors là...
il n'y a plus de soucis. Sauf qu'après coup on peut avoir droit à :
« Mais
pourquoi ça a l'air si bon? Pourquoi tu fais pas ça avec moi?
Pourquoi le tube il a le droit et pas moi... »
« Regarde
encore, essaye de comprendre »
dessin fait à la souris sur paint
Alors quand on
trouve un partenaire qui aime jouer, qui aime aussi les jouets, alors
là...C'est fabuleux,
« Chéri,
t'en penses quoi de celui là? »
« ho... il
est joli! Mais? c'est bizarre ça! c'est quoi? »
Si on vous parle de catacombes, vous pensez souterrains, ossements, obscurité...
et vous n'aurez pas tout à fait tort car dans les catacombes officielles, on trouve effectivement des amoncellements de tibias et de cranes. Ce n'est pas de ce lieu là dont je vais vous parler, non-non.
Il s'agit d'autre chose, pas de billetterie en cinq langues ni besoin de faire la queue pour y entrer, pas d’horaires d'ouverture ni jour férié. Par contre il faut connaitre un guide, les touristes ne s'y aventurent jamais seuls. Mon guide se nomme "Chapo", comme un "gavroche" habillé en militaire, il m'attend devant une trappe d’accès, celle qui est là, en pleine rue de Paris, devant une banque et une épicerie. L'heure tardive nous permet d'y entrer discrètement et de refermer derrière nous.
Mon sac sur le dos, je descend les barreaux de l’échelle qui plonge dans le puits sombre. Bottes aux pieds, frontale allumée, je le suis à présent dans un conduit, quelques marches nous emmènent plus profond encore vers une chatière minuscule où il nous faut ramper sur les coudes en poussant nos sacs devant nous. Les galeries se succèdent et se croisent, très vite je me retrouve désorientée et totalement dépendante des connaissances de Chapo. Les parois sont humides et le plafond bas par endroit, certains passages glissants et d'autres littéralement inondés. Fort heureusement nous n'aurons pas à nous y aventurer ce soir.
Des tags des années 80, vestiges d'anciens groupes punk, aux salles aménagées parsemées de cire, ici tout est un peu hors du temps, d’ailleurs très vite cette notion se dissipe au fur et à mesure des dédales obscures. 12 degrés, c'est la température constante en sous sol, celle de l'air, je ne vous parle pas des pierres ni du sol. Pourtant il n'est plus question de jouer la frileuse à présent, est-ce le rhum vanille qui me réchauffe ou bien l'envie de me voir au milieu de ce décor fantastique et étrange? je ne saurais le dire.
Pour voir l'ensemble du travail de ce photographe cataphile c'est ici :
Alors que j'étais
moi-même en train de me renseigner sur la question, curieuse de
savoir comment se déroule un tournage, je regarde dans la presse et
constate sans peine que tout les projecteurs médiatiques sont déjà
focalisés sur la question. Que cela soit une industrie (il faut bien
que cela profite à quelqu'un), un outil visuel masturbatoire, un
moyen de pimenter sa vie de couple, ou tout simplement de ne pas
sombrer dans l'ennui, chacun sa relation aux images pornographiques.
La place du
porno dans nos vies, est-ce important? Que chacun vive sa sexualité
comme ça lui chante après tout, mais quand une flopée de jeune
filles se mettent à rêver de faire fortune sur les planches, normal
qu'on ait envie de faire de l'éducatif, du dissuasif je dirais, car
pour ma part, renseignements pris je suis - mais alors - beaucoup moins
attirée par ce milieu.
Ici vous
trouverez toutes les références des documentaires intéressants à
retenir :
21 jours classé
X Une journaliste accompagne les professionnels du X au quotidien et découvre l'envers du décor sur les lieux de tournages
à quoi rêvent les
jeunes filles? Le documentaire de l'ex actrice devenue réalisatrice Ovidie
"Hot girls wanted" un documentaire tourné aux États-Unis décrivant le parcours de ces jeunes filles qui se lancent dés leur majorité dans une carrière d'actrices porno parfois sans rien savoir de leur propre sexualité dans l'espoir de devenir les prochaines stars du X
Il y a-t-il une vie après le porno? "After porn ends": Documentaire tourné aux Etats-Unis sur les anciennes stars du X et leur vie après le porno.
@rrêt sur image, l'émission "Porno et société" (le site est payant mais c'est toujours intéressant)
l'article du site de Flore Cherry (journaliste pour Femme Actuelle et bien d'autres choses)
De par son
influence sur les comportements sans doute, cela pourrait servir
d'exemple, de représentation d'une sexualité prise comme modèle à
reproduire. Effectivement en partie, je pense avoir été moi même
influencée dans une certaine mesure. Certaine de mes amies pensaient
« apprendre comment faire », certains de mes partenaires
mimaient l'attitude et les répliques vues comme "ce qu'il fallait
faire pour être un bon amant"...
Mon
rapport à la pornographie
Enfant j'avais
une télévision dans ma chambre alors les film du vendredi soir sur
M6, c'était parfait à l'époque. Puis il y a eu des beaux films
comme L'Amant, Dernier Tango à Paris, et plein d'autres qui ont
nourri mon imagination. A une période j'ai délaissé les images
au profit de la littérature érotique, mais j'y suis revenue par un correspondant lyonnais, le grand frère d'une amie
d'internat, qui m'envoyait des photos découpées dans des revues
très cochonnes.
Pendant toute ma
période de couple mon amoureux et moi n'avons jamais regardé pire que Sexe Intentions, puis j'ai eu un autre amoureux avec qui cette fois ci je
n'hésitais pas à me mettre en scène en son absence (il travaillait
de nuit) pour lui glisser dans son dossier secret du disque dur des
scènes où il me verrait à l'œuvre avec mes objets de
prédilections. Après la rupture, le célibat fut rude et la
solitude poussa ma curiosité à explorer ce que je n'avais
jusqu'alors jamais fait seule : chercher à voir un film X.
N'y connaissant
rien ni en informatique ni en pornographie, je me retrouve à donner
mon code de carte de bleue pour un visionnage - gratuit les trente
premières minutes! Bien-entendu, lorsque j'essayai de me désabonner,
le site se mit à déconner et mon ordi planta. Il me fallut l'aide
d'un ami suffisamment complice pour me tirer de là car dès lors mon
PC était envahi d'images salaces. Bien plus tard, ma banque
m'informa d'un prélèvements mensuel vers la Norvège, curieux... je
leur demande de quoi il s'agit et là, la dame au guichet - la bonne
cinquantaine - se marre et me dit, « il s'agit d'une site de
porno lesbien ». Je rougis comme une tomate vu la température
ressentie par mes oreilles, et me défends en prétendant que cela
doit sûrement être mon ex... Quand elle me propose de porter plainte
pour utilisation de ma carte à mon insu, je lui répond qu'une
simple opposition suffira. FIOU... quelle aventure, tout ça pour un
film que j'ai heureusement enregistré dans mon disque, où on entendait
le bruit d'un orage. C'était le détail qui avait fait la différence
sur ma libido. La fille en question était très belle, elle se
touchait gentiment et s'enfonçait un gode en verre assez sobre
jusqu'à 'à l'orgasme. Efficace, ce fut le premier que je
partagea avec mes conquêtes par la suite.
Le sujet n'est
plus tabou mais toujours objet d'une certaine crainte:
c'est le symbole d'un jardin secret, un répertoire à fantasmes. Est-ce que pour autant en fouillant dans l'historique (web) de quelqu'un on
découvrirait qui il est?
Ce que nos
fantasmes disent de nous, seuls les psychologues pourraient nous
éclairer, mais autant qu'un dictionnaire des rêves, je crois. Il aura
fallu que je me piège à ma propre curiosité, que je fouille trop
loin, que je visionne l'impensable pour ne plus avoir envie de voir
à nouveau des scènes explicites. Le coté catégorisation me
choque toujours, "plein de ceci" ou "plein de cela", du choc et du
spectaculaire, j'en avais assez vu.
Et puis les
choses ont encore changé. Je me suis vue commencer un drôle de
voyage, une sorte d'exploration de mes fantasmes, jusqu'à en éprouver l'envie de faire de la mise en scène. L'envie de
tourner des scènes a commencé à germer alors même que l'idée d'écrire ici mes
souvenirs occupaient toutes mes pensées.
Puis j'ai pris de
renseignements et j'en suis revenue à cette vieille question : est on mal
jugé(es)?
Les hommes ont
l'air d'apprécier, d'aimer, d'admirer. Normal qu'on ai envie d'être
aussi désirable aux yeux de celui - ou ceux! - à qui on veux plaire;
normal qu'on se dise qu'on n'égalera jamais ce niveau, à moins d'en
devenir une, et alors sera t-on encore respectée?
Une chose à
propos des motivations: je crois que l'argent est un facteur dans
toute activité, là n'est pas la question, mais l'accessibilité des possibles est aussi simple à trouver que les
images. Les jeunes filles se lancent aussi tout simplement parce que
c'est facile! Non pas facile à faire qu'on s'entendent bien: facile
d'accès, je veux dire. Si personne ne peut aujourd'hui espérer avoir
une carrière de star dans ce milieu en crise, il n'est pas compliqué
de trouver un tournage pour débuter. Ce rapprochement
entre sexe et réussite/argent/pouvoir ne serait pas insupportable si
il n'était pas omniprésent et comme aujourd'hui tout un chacun
essaye de monter son business, il est difficile d'y voir clair entre
démarche spontanée et intéressée...
Reste que le
cinéma en général est un secteur en crise, internet et les smart-phones rendent tout plus court en termes de durée, on visionne des
extraits à l'arrêt de bus mais quasi impossible de se libérer deux
heures pour une séance de ciné! Devenues ainsi aussi éphémères que les
informations dont on nous inonde, les images circulent à toute
vitesse comme pour abreuver un flot constant de nouveauté et de
fraîcheur. Ce qui reste visible c'est avant tout l'industrie de la
pornographie alors que des beaux films, il y en a à voir mais moins
présents sur le marché car forcement plus créatifs que commerciaux. Cependant, j'en ai découvert un que j'ai envie de partager avec vous, c'est le film "République/filles du calvaire"de Sarah de Vicomte, le premier court métrage d'une série de film intimes qui racontent des histoire d'amour. pour voir le teaser : https://vimeo.com/130522248 si vous souhaitez le soutenir en participant au projet c'est ici :
Toujours en
questionnement, même sur ma propre démarche.
Alors que je
pensais défendre une vision féminine du désir, parler autrement de
cette fameuse « liberté » sexuelle dont on nous rabat
les oreilles. A quoi se heurte-t-on lorsqu'on essaye de vivre cette
« liberté ?,
Parler du rêve
et du mystère, de la place des émotions en jeu dans le ressenti du
plaisir, bref... je pensais mettre une autre couleur dans le paysage
et redonner du sens à l'intime.
Mais parfois je
me demande dans quel mesure, ce blog, ces écrits, ces photos, ne
sont pas une louche de plus dans la grande soupe à la viande qu'on
nous vend partout. J'étais la première à m'insurger qu'on en
vienne à ajouter « du cul pour le cul » en packaging
pour être plus visible....
je ne souhaite
pas participer à cela.
Ma démarche reste une
tentative de comprendre les rapports humains afin de trouver comment
me situer dans mon époque. Avouons le, j'avais aussi besoin de me
rassurer, savoir que je pouvais plaire, mais pas uniquement. Je crois
en fait, que je cherchais une voix à mon inspiration, logique pour
moi puisque le sexe en fait toujours grandement partie mais je me
questionne parfois sur d'autres manières de prendre plaisir à la vie,
d'autres façons d'être valable, aimable etc...
Paradoxe d'une
femme pseudo-libérée, "bonne qu'à cela", très peu pour moi.
Je me sens libre
d'être aussi séduisante que possible mais quand je vois que cela
aide à me faire « aimer » davantage, je ne me sens pas
libre quand, pour obtenir de l'amour de l'attention, je n'ai pour seul
moyen que mon pouvoir de séduction...
je me sens libre
de pouvoir me servir de mon corps comme moyen d 'expression mais je ne me sens pas libre quand, à la
fin, il me reste l'impression d'avoir eu une attention privilégiée grâce à
cela. Une forme d'injustice prend place, cela n'ajoute ni ne retire
rien à ma valeur réelle, ce n'est que le regard des gens qui me préoccupe
au fond.
Je n'ai pas envie
d'avoir à me cacher d'être ce que je suis, pour autant le progrès pour
moi ce sera le jour où je ne me sentirai pas obligée de faire usage
de mes charmes pour être considérée et que l'on ne me déconsidérera pas pour en avoir user.
Photographes :
-Patrick Cauwel
https://www.facebook.com/patrick.cauwel.7
-Aurore Bree
https://www.facebook.com/aurore.pictures.7
Modèle : Anouchka
Nouage des cordes par Aurore
L'art du Shibari, c'est la pratique qui nous a inspiré pour cette séance. Nous avons tout à apprendre mais le solide enthousiasme des novices débutants, tâtonnants, concentrés autant que nous le pouvons.
Sans grande maitrise nous osons tout de même jouer avec les cordes,
avec
les codes visuels, pour parvenir à faire une belle image.
De l'esprit de soumission, on a gardé l'attitude, la posture
confiante et consentante, je m'amuse comme une enfant qui se déguise.
Donner à voir une image de femme "soumise" c'est tout un symbole aujourd'hui, c'est un cliché mais oui...
Pourtant je reste convaincue que c'est bien parce que je suis "libre" que j'ai mon libre arbitre, que je peux jouer avec les codes machistes. Me montrer comme cela c'est une manière de rassurer les hommes je crois, ce n'est pas un exemple à suivre pour autant, c'est pour moi une manière de dire que les femmes "libres" ou "libérées" sont perçues encore beaucoup trop comme des menaces à la virilité car c'est notamment faire perdre aux homme leur place de chasseur. Serait ce pour nous montrer moins "dangereuse" en temps que femme que nous aimons jouer avec ces codes, ou bien peu être aussi pour le plaisir de faire plaisir ?